jeudi 24 avril 2014

Mon amie la grive



Je vous ai souvent parlé des dégâts causés  dans mes plantations par cet oiseau. Il sectionne les plans de concombre à la base, mange les jeunes piments, les jeunes pousses ou les fleurs.
 Encore cette semaine un couple de grives a dévasté deux des trois pieds de piment que je fais pousser en pot.
J'ai, au bout de trois ans, enfin réussi à photographier le prédateur. La photo n'est pas terrible mais on peut identifier le coupable.



a an lot soley !
à un autre soleil

jeudi 17 avril 2014

Saint James




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Décidément cette année, le carême est très sec. Le préfet a même pris un arrêté invitant la population à prendre des mesures de restriction dans la consommation de l'eau, les réserves commençant à diminuer. Il est également interdit jusqu'au mois de juin de remplir les piscines, laver les voitures , d'arroser les pelouses. Vous comprendrez que les activités potagères sans eau sont vouées à l'échec, seules sont entretenues mes éternelles plantes aromatiques en pot. Pour compenser je vous ai parlé de la canne à sucre et du rhum, et en attendant des jours plus humides je continue sur ma lancée. Cette sécheresse ne profite qu'à la canne qui est alors très riche en sucre, une aubaine pour tous ceux qui la transforment en sucre de bouche et en alcool.

 Donc dans mon billet du 4 avril je vous avais présenté une des plus petites distilleries de la Martinique. Aujourd'hui je vous parlerai de la plus importante qui aura produit environ quatre millions de litres de rhum à la fin de la récolte de la canne. Pour cela je vous invite à une visite des lieux, la distillerie des rhums Saint James.

A travers la visite de La Favorite ( le 4 avril), vous avez pu voir en photos les différentes étapes de la production du rhum . Pour vous faire une idée plus précise du process qui va de la coupe de la canne à la production du rhum vieux, il y a un très bon petit didactitiel sur le site  des rhums Neisson.
Je ne vous ferai pas non plus un historique des rhums  Saint James. Pour cela il vous suffira d'aller sur leur site.
 L'intérêt de cette visite est que nous avons là un vrai musée du rhum. Dans les jardins sont présentés comme autant d'oeuvres d'art les anciennes presses, chaudières ou machines à vapeur.

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Une machine à vapeur.

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Une presse

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Une chaudière du 19ième siècle

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Alors qu'aujourd'hui, la canne fraichement coupée est transportée par camions ou tracteurs, autrefois sur les grandes exploitations elle était transportée par un petit  réseau de voies ferrées. Ici les wagonnets de canne étaient tractés par une locomotive à vapeur Corpet-Louvet de 1925.

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Mais le plus intéressant est l'impressionnante collection de machines à distiller, alambics et colonnes à distiller .

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Premiers  alambics

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Colonne à distiller.

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Alambic qui a distillé le "Coeur de chauffe" ci-dessous. Aujourd'hui arrivé à bout de souffle, il a sa place au musée.

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Alambic mobile.

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Alambic charentais.

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Colonne à distiller.

Et le rhum me direz vous, nous y arrivons. 

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Non nous ne sommes pas à la prison  d'Alcatraz ou dans un western mais dans le coeur de Saint James protégé par des moyens électroniques les plus sophistiqués. Ici  est gardé un vrai trésor, les millésimes les plus anciens et les plus prestigieux de 1885 à 1976. Vous avez bien lu 1885 !

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Une bouteille de 1976 derrière sa vitre de protection.
  Après cette visite vous pourrez gouter et acheter du rhum blanc, vieux, très vieux ou hors d'âge, pour cela vous serez pris en charge par un personnel aimable, compétent, à votre écoute qui saura vous guider en fonction de vos goûts.

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Ce jour là il y avait nombre de touristes.


Tous les rhums de Martinique tutoient l'excellence, mais chaque producteur a ses spécificités et les produits finaux nous offrent une gamme étendue de saveurs et de parfums. Dans mon prochain billet je vous entretiendrai des spécificités des rhums Saint James après avoir rencontré Marc Sassier l'oenologue responsable de leur production et  élevage .

Au prochain billet pour la suite et je vous dis

à un autre soleil !
a an lot soley !

mardi 15 avril 2014

M. Arnaud, coqueleur








Toujours au quartier du Lazaret où j'avais rencontré les coupeurs de canne, j'ai fait la connaissance de M. Arnaud . Ancien travailleur agricole, il a toujours été passionné par les combats de coqs.
Le combat de coq est une pratique séculaire qui a été importée aux Antilles et aux Amériques en général par les colonisateurs. Aujourd'hui interdit dans tous les pays occidentaux, il est toléré ou autorisé dans 27 pays dont la France pour le Nord-Pas de Calais et les départements et territoires d'outremer. Les défenseurs des animaux l'ont en ligne de mire.
Mais monsieur Arnaud ne se pose aucune question, il ne fait que perpétuer une tradition.  A la retraite, il est coqueleur, c'est à dire qu'il élève des coqs de combat, des coqgames( prononcez coqdjeimm') pour employer l'expression locale. En ce moment il en possède une vingtaine. Destinés à se battre il les prépare comme des sportifs.
Dès leur plus jeune âge entre deux et six mois ils sont mis en cage individuelle  afin qu'il ne se battent pas entre eux. Nourriture mesurée et entrainement leur fait un corps sec d'atlhète. Ils sont nourris exclusivement de maïs et de temps en temps ils ont un peu de banane. Ils ont droit à un vrai entrainement de haut niveau avant d'être mis dans l'arène.

Les coqs sont dans leurs cages individuelles qui sont appelées ici des caloges. Devant chaque caloge sont accrochés deux petits récipients l'un pour l'eau l'autre pour la nourriture.

Tous les matins tôt quand il fait beau, M. Arnaud sort ses coqs pour deux ou trois heures de soleil.

Alignés au soleil devant la maison, ils pourront gratter le sol.


Un coq "cendré".

Ils s'affrontent à travers les cages.

Un coq "genga".

A droite un coq" Gros-sirop" avec sa queue noire.
Leur crête est coupée pour ne pas donner prise à l'adversaire.

Ici exercice de musculation, le coq est tenu par les plumes de sa queue et il bat vigoureusement des ailes pour se redresser. Vous pouvez constater également qu'à l'exception des ailes, du croupion et du cou, tout le corps de l'animal est déplumé, et la peau est frictionnée avec une solution composée essentiellement de rhum pour la renforcer. 
Encore un exercice d'entrainement, le coq est mis et remis sur le dos chaque fois qu'il se relève tel un judoka à l'entrainement répétant son spécial. M. Arnaud a plein d'autres exercices comme des squats pour les cuisses, il pose la main sur le dos de l'animal et par des pressions répétées lui impose des flexions.
Après les exercices d'endurance et de musculation, ont lieu des entrainements au combat. Sur la photo on voit que les ergots naturels ont été coupés, cela permet les assauts d'entrainement sans blessures. Pour le combat on leur fixera de longs ergots en plastique bien acérés, ailleurs comme en Guadeloupe les ergots sont en acier.
La reproduction est assurée, privilége réservé aux coqs qui ont survécu aux combats. Maman poule et sa couvée se promènent en toute liberté autour de la maison.

Dans un prochain billet, je vous parlerai du pitt. Pitt est le nom local du gallodrome, l'arène entourée de gradins en bois où ont lieu les combats dans une ambiance exaltée, bruyante et où également "roulent" de nombreux paris, car pari et combat de coqs  forment un couple indissociable.

J'attends d'y retourner avec M. Arnaud pour vous donner la suite.


Et comme toujours je vous dis

a an lot soley !
à un autre soleil !

vendredi 4 avril 2014

La campagne 2014 à La FAVORITE




Je vous ai déjà entretenu de la récolte de la canne à sucre, et des derniers coupeurs de canne. Aussi aujourd'hui je vous parlerai de la transformation de la canne et de son jus en rhum grâce à un reportage sur l'une des dernières distilleries familiales de la Martinique.

Toutes les distilleries et marques de rhum appartiennent à ce jour  à de grands groupes à l'exception de deux irréductibles, NEISSON et La FAVORITE.
Le rhum La Favorite est produit dans une petite unité à deux pas de Fort de France. Il faut la chercher pour la trouver au fond d'une coulée verdoyante au pied du centre  hospitalier universitaire de la Martinique. Le premier contact se fait par un grand hangar couvert de tôles où sont logés les services administratif, commerciaux et la boutique qui mériterait d'être mieux mise en valeur. Là aussi se fait la finition des bouteilles emblématiques de la marque et qui font sa renommée, les cuvées La Flibuste et Privilège, deux nectars ronds, soyeux, aux notes d'épices, de cannelle et de pruneaux.
La première personne que j'ai rencontrée collait tranquillement, à la main une à une les étiquettes de ces rhums merveilleux que j'ai découverts bien tardivement, mais peut-être faut-il être prêt pour apprécier les très vieux  rhums de la Martinique. Cette personne a aussi pour tâche de cacheter à la cire noire les précieux flacons. Cette pratique artisanale me parait tout à fait en harmonie avec la très longue maturation de ces très vieux rhums qui peuvent rester en vieillissement trente cinq ans.


Une à une les bouteilles sont méticuleusement étiquetées.

Avant de tremper le goulot de la bouteille dans la cire, celle ci est chauffée sur un camping gaz.



A cette occasion j'ai découvert que cette année, le millésime de la cuvée La Flibuste passait de 1983 à 1984.
Après ce premier contact, je me suis rendu à la distillerie, à l'usine comme on a l'habitude de le dire couramment  ici.
Cette petite unité produit chaque année environ 600 000 litres. Pour cela elle broie la  canne des 60 ha de La Favorite, ce qui représente 60% de leurs besoins, le reste étant fourni par de petits planteurs. Durant la campagne, les effectifs, coupeurs de canne compris, ne dépassent pas les trente six personnes. Comme le dit lui même Paul Dormoy , le maître des lieux, ils ne seront jamais Bacardi. Son objectif est de produire le meilleur rhum, et de le faire vieillir avec le plus grand soin. Cet objectif de qualité porte ses fruits, car à l'instar des rhums de Martinique les résultats à l'export sont bien présents, et les ventes en Europe , en Amérique du Nord et au Japon progressent.

Un autre produit d'excellence
Voici quelques images d'un lieu qui fit remonter des souvenirs d'enfance quand à la fin des années cinquante et début soixante, l'usine St James, située sur les hauteurs de St Pierre, que dirigeait mon grand-père, était souvent un terrain de jeu lorsque je n'étais pas à l'école. A l'époque, la sécurité et la peur du risque n'obnubilaient pas les adultes et j'avais le sentiment de jouir d'une grande liberté.

Nous voyons là , la grande roue d'inertie de la machine à vapeur, qui grâce a à un jeu de pignons réducteurs va transmettre sa puissance pour broyer la canne et entrainer tout le système d'approvisionnement en canne et l'évacuation de la bagasse.
Les broyeurs



La bagasse, résidu du broyage, est transportée vers le générateur de vapeur où elle  brûlera et produira la vapeur pour la pièce essentielle qu'est la machine à vapeur et pour le chauffage des colonnes à distiller. Cette petite unité de production est quasiment autonome , elle n'a besoin de l'énergie de secteur, que pour quelques petits moteurs électriques d'appoint, les tableaux électriques de sécurité et l'éclairage.



Le jus de canne, le vesou, fermente dans de grandes cuves. Je me rappelle enfant m'amusant à crever du doigt les grosses bulles qui se formaient à la surface.



Une des deux colonnes à distiller.
Au sortir des colonnes le rhum, entre 70 et 72°, coule en un flot continu, il me souvient de m'être quasiment lavé les mains dans ce rhum tout chaud et qui sentait bon. Ce rhum blanc de la campagne 2014 sera mis en bouteille en 2015 réduit à 50 et 55°. Pour la partie qui sera mise en vieillissement si nous avons la chance d'être encore en vie, nous pourrons la déguster dans sa cuvée Privilège dans trente six ans!
Je vous ai dit que cette visite avait fait remonter un flot de souvenirs. Mais une chose était absente, l'odeur forte qui imprégnait les lieux de mon terrain de jeu. D'abord les odeurs du parc à mulets qui servaient au transport de la canne, et ensuite l'odeur nauséabonde de la vinasse qui était rejetée directement dans la petite rivière qui coulait au pied de l'usine. Aujourd'hui, ces odeurs ont disparu de La Favorite car, bien sur il n'y a plus de mulets et surtout les vinasses, conformément aux règlements européens, sont traitées dans des bassins de rétention.
Si ce billet vous a intéressé je vous recommande vivement la visite des lieux qui est gratuite, vous rappelant que la campagne dure jusqu'au cinq juillet.

Les champs de canne de La Favorite, pressés par l'urbanisation galoppante.


Et bien sur je vous dis

a an lot soley !
à un autre soleil !