vendredi 24 mai 2013

Du potager au... bois d'Inde

 

Depuis plusieurs mois je vous ai parlé de tout sauf du potager. Enfin je m'y suis remis. Petitement mais surement, car sans potager plus de blog!
J'ai recommencé par un carré qui accueille, quatre plants des gombos, un plant d'aubergine violette, un plant d'aubergine blanche, un plant de gingembre, un plant de piment végétarien, un plant de piment lanterne.Tout cela a été planté dans un carré de 1m20, et chaque plant est dans un carré de 40 cm de côté. Au milieu de ce petit monde j'ai installé un plant de mélisse et un plant de menthe qui j'espère recouvrira une bonne
surface du carré. Pour le moment j'ai écarté toutes les variétés pour lesquelles j'ai essuyé des échecs cuisants ( cucurbitacées, tomates, poivrons, salades ) en attendant que j'améliore mes techniques et que j'approfondisse mes connaissances.

Le nouveau carré.

Piment lanterne.


Mélisse...









                                       
                               et menthe.



Pour les techniciens, je vous informe que mon sol étant très argileux, je l'ai chaulé avant de repiquer tous ces plants et dès que possible je lui mettrai une couche de compost.

Comme il n'y a pas de bon billet sans digression, aujourd'hui, je vous parlerai du voisin immédiat de mon carré. A quelques mètres pousse un petit arbre endémique dans la caraïbe, il est communément appelé chez nous  bois d'Inde.

Il est âgé d'une vingtaine d'années.

Gros plan sur son tronc.


 Si je vous en parle c'est qu'il est en pleine floraison.Toutes ces petites fleurs que vous pouvez voir se transformeront en de petites baies vertes et grosses comme de gros grains de poivre.


Une fois cueillies et séchées elles deviennent d'un brun foncé, ce sont ces fameuses graines de bois d'Inde qui servent à parfumer la cuisine antillaise. On peut trouver cette épice en grande surface sous le nom de Piment de Jamaïque ou Poivre de Jamaïque.
Mais là n'est pas son seul intérèt, car ses feuilles sont aussi riches de parfums que les graines, et elles servent à parfumer nos blaffs et nos court-bouillons de poisson. Le RP Du Tertre rapporte au 17 ème siècle, que les caraïbes les utilisaient régulièrement dans leurs sauces et que les colons massivement pour leurs salaisons.
Nos voisins de iles anglophones, les premiers, en firent  des frictions après macération dans du rhum. Cette friction est bonne contre tous les maux et rhumatismes divers, elle est très parfumée et se vendait dans de petites fioles étiquetées Bayrum sur les marchés locaux et chez les" pacotilleuses" .  Pacotilleuse était le nom donné aux femmes qui tenaient de petits bazars très spécifiques. Pour approvisionner leurs magasins elles allaient s'approvisionner à bon compte dans les iles. Ces magasins étaient de vrais cavernes d'Ali Baba, où régnait une odeur particulière comme un mélange de camphre et d'encens,et  où l'on trouvait de tout, des recueils de prière, de magie, des onguents en tout genre, des parfums, des peignes, des épingles à cheveux, des bijoux fantaisie, des rasoirs, du prêt à porter bon marché, des chapelets, des canifs, des cartes à jouer, des dés, etc...  Je me rappelle, enfant, avoir passé de longs moments devant leur devanture  fasciné par tout ce qui s'y trouvait, tentant d'en faire un inventaire impossible. Ce qui m'intriguait le plus parmi toutes ces fioles et bocaux aux étiquettes en anglais ou en espagnol, était le Baume du tigre car je m'imaginais qu'il était composé de graisse de tigre. On faisait bien dans nos campagnes des pommades de graisse de serpent contre les douleurs articulaires!

C'est la devanture d'une des dernières sinon la dernière du genre à Fort de France à la rue Papin-Dupont. Elle est beaucoup bien moins garnie qu'il y a cinquante ans mais on voit la bouteille de Bay Rum, le jeu de cartes , les dominos...Les pacotilleuses ont quasiment disparu et sont remplacées par les vendeurs ambulants haïtiens dans les rues de FdF.

Tout un mélange de "médecines anglaises" contre les douleurs en tout genre.

Aujourd'hui on trouve du bayrum dans les grandes surfaces dans des emballages modernes, made in France.

On retrouve la fragrance du bois d'Inde dans des parfums contemporains comme " Old spices" .
Son bois est également de qualité, il est très dur et quasiment imputrescible. Les premiers colons en firent du bois de charpente, des rouleaux à moulins, des rayons de roues, et bien d'autres ouvrages. De nos jours il n'est plus exploité pour son bois. Seuls les marins pêcheurs l'utilisent encore, ils s'en servent quand il est de petite section pour l'armature de leurs nasses.

Aujourd'hui nos aménageurs lui reconnaissent un valeur esthétique, et il est planté pour embellir nos ronds points. Vraiment il a toutes les qualités ce petit arbre!
Plantation de jeunes plants de Bois d'Inde au rond-point de la gendarmerie au Lamentin.

Sur ce je vous dis

a an lot soley
à un autre soleil

mercredi 15 mai 2013

Récolte de la canne à sucre


En attendant que murisse mon  prochain texte sur le potager, je ne peux résister à vous parler de l'actualité agricole. La récolte de la canne bat son plein, mais elle est parfois contrariée par les épisodes pluvieux intempestifs. Trop de pluie a un effet négatif sur la richesse en sucre de la canne, et le prix de la tonne à l'usine tient compte de cette richesse, cela a un effet direct sur le revenu des planteurs. De plus le sol se détrempe et entraine l'embourbement des engins de récolte, et alors on est obligé d'attendre quelques jours que la terre sèche afin de reprendre les travaux, causant un retard préjudiciable.

Cet après midi en passant près des champs de canne de l'Habitation Galion à Trinité ( qui fournit une bonne part de la canne à notre dernière sucrerie) ils étaient en plein travaux de coupe et j'ai pensé que ce petit reportage vous intéresserait

Champ fraichement récolté, pas un homme visible, juste une machine à couper au loin et des tracteurs en attente
Aujourd'hui il n'y a quasiment plus de coupeurs de cannes travaillant au coutelas dans les champs, plus d'amarreuses chargées de faire des paquets avec les tiges abattues. Les machines ont remplacé les hommes et les femmes qui assuraient cette rude tâche. Seuls subsistent quelques petits planteurs sur des parcelles non mécanisables qui récoltent encore à la main. 

La coupeuse de canne coupe la canne, trie la paille, tronçonne les tiges et remplit le tracteur

Les pique-boeufs s'en donnent à coeur joie et se gavent de la faune d'insectes et de lézards mise à nue.

Le tracteur chargé s'en va porter sa cargaison à l'usine

Les terribles mâchoires de la coupeuse 

Tracteurs en attente


Le bruit infernal des engins ne dérange en rien ces voraces.

Tiges de canne échappées des mâchoires de la machine.



Ces pique-boeufs (Bubulcus Ibis, aigrette, héron pique-boeufs) sont devenus endémiques à la Martinique depuis plus d'une vingtaine d'années . Auparavant ils ne faisaient pas partie de notre paysage. Après s'être repus, à la tombée de la nuit, ils se regroupent en grandes colonies dans la mangrove où ils nichent et passent la nuit.
Selon le Père PINCHON in Les oiseaux. FdF 1976, ce petit héron vient d'Afrique via la Floride où il a été identifié en 1948. Les premiers spécimens auraient été vus en Martinique à Ste Anne aux Salines en 1958. Leur expansion a été fortement freinée au début par les chasseurs pour qui c'étaient des cibles faciles, ce qui n'est heureusement plus le cas aujourd'hui.
J'espère que tout cela vous aura intéressé et suscité votre curiosité.

 Je vous dis donc

a an lot soley
                    à un autre soleil

mercredi 8 mai 2013

Résurrection



Dans mon billet du 11 novembre je vous avais montré mon avocatier, en vous signalant qu'il refusait de pousser. Mais ce matin, ô miracle, ô merveille, ô surprise , j'ai découvert que non seulement il faisait une poussée , mais qu'après dix ans d'attente il avait enfin fleuri abondamment. Espérons que cet exploit ne l'épuisera pas et que quelques fleurs iront jusqu'au bout de leurs promesses.

Boutons de fleur d'avocatier
Les fleurs commencent à s'ouvrir


Les agrumes eux aussi font des floraisons explosives, notamment le mandarinier qui bat tous les records.

Mandarinier en fleurs
abeille en plein travail de pollinisation


 Cette explosion de vie vient après deux semaines de pluies quotidiennes qui ont mis un terme à trois mois de sécheresse. Cette pluie assez forte a commencé à nous arroser dès la mi-avril, ce qui est un peu en avance pour la saison. Toute la Martinique tout d'un coup a reverdi et elle refleurit. Pour parler comme les techniciens agricoles, ce choc hydrique consécutif à un stress hydrique sévère favorise la reprise de la végétation. Même les orchidées s'en donnent à coeur joie . La Cattleya ci-dessous n'avait pas fleuri depuis des années.




Les frangipaniers ne sont pas en reste.


Pendant le carême ci-dessus et ci-dessous les mêmes aujourd'hui.





Je ne vous ai pas entretenu du potager à proprement parler, mais ne vous inquiétez pas,
 la   période d'hibernation touche à sa fin et comme toujours je vous dis,


a an lot soley !
à un autre soleil !