Le fromager dont je vous parle aujourd'hui est un arbre remarquable perché sur les hauteurs de Saint-Pierre. Il domine la ville et la baie.
C'est un kapokier, arbre originaire de l'Asie du Sud-est, devenu endémique à la Martinique.
Cet arbre immense fait partie de mon paysage depuis ma prime enfance à Saint-Pierre, il doit être plus que centenaire.
Si je vous présente cet arbre, c'est qu'il a pour nous Pierrotains une histoire mythique, révélant nos croyances les plus sourdes.
En effet la légende locale raconte qu'un trésor serait enfoui au pied de cet arbre: une jarre en terre cuite remplie de pièces d'or. Celui qui l'aurait enterré, aurait passé un pacte avec le diable, et pour le retrouver il faudrait sacrifier à ce dernier un enfant. D'ailleurs une vieille chanson du répertoire traditionnel du carnaval, se fait l'écho de ces pactes diaboliques " Diab' la ka mandé an ti manmaïe ......" ainsi que bien d'autres titres anciens.
C'est une de ces histoires qui ont hanté mon enfance. Nous les tenions des adultes et nous les reprenions et les amplifions dans nos discussions enfantines. Nous nous faisions peur avec ces choses que nous n'avions jamais vues, mais qui pour nous devaient relever du réel.
Nous nous repaissions de diables et de diablesses, de sorts jetés, de sorciers et de quimboiseurs. C'est à qui raconterait l' histoire de cet homme engagé avec le diable, ce qui lui permettait de se défaire de sa peau et de se transformer à minuit en cheval à trois pattes, jamais vu, mais qu'on entendait galoper dans la nuit. Tout cela nourrissait notre imaginaire . Cet aspect de notre culture est tenace, et il ne s'expose pas au plein jour.
De nombreux martiniquais, monsieur et madame tout le monde, des élites culturelles, politiques, sportives, quand ils sont en confiance, et qu'on les pousse dans leurs retranchements, avouent y croire et avouent même avoir eu recours à des "séanciers" (des bons sorciers) pour se désenvouter et se libérer d'un sort jeté, ou se protéger d'avance.
Quand craque le vernis de l'éducation, quand s'ouvre la cage rationnelle de notre esprit éduqué, cultivé, les peurs enfantines peuvent remonter chez certains.
Nos petits enfants, urbanisés, "réseautés", facebookés, informatisés, mondialisés, sont ils sensibles encore à cet imaginaire?
Les flocons au sol forment un tapis léger, d'aspect laineux |
Encore aujourd'hui, et malgré la rambarde, il semble pouvoir s'animer et saisir le passant dans ses bras puissants.. |
Le tronc déformé et boursouflé par les blessures du climat et les outrages des années. |
Autrefois la vue vers la Montagne Pelée était vierge de tout habitat. L'isolement du lieu contribuait à sa magie et au sentiment de crainte qu'il nous inspirait à la tombée de la nuit. |
Dernière vue sur la baie. |
J'espère avoir suscité votre intérêt et vous dis
a an lot soley !
à un autre soleil !
merci beaucoup pour la transmission de connaissance
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