vendredi 16 mai 2014

La Rhumerie G. HARDY



Du temps de mon enfance, tout bon travailleur agricole ne dédaignait pas un bon coup de rhum pour se réconforter après une dure journée de travail. Ma grand mère à l'occasion en servait à ceux qui venaient lui donner un coup de main au jardin , ou pour  tuer le cochon pour noël. Elle servait une bonne rasade de rhum sec sans sucre et sans citron dans une timbale en aluminium. La timbale était vidée d'un coup, et son contenu gardé en bouche pendant qu'elle remplissait à nouveau la timbale d'eau fraiche. Une fois la rasade bue d'une traite, l'eau servait à éteindre le feu du gosier causé par le brusque apport d'une grande quantité d'alcool. Un tel coup de rhum équivalait à trois ou quatre punchs  d'aujourd'hui. Je ne vous recommande pas d'essayer.

Si je vous parle de récolte de canne, de rhum et de distillerie c'est que ces souvenirs sont intimement liés  à l'activité agricole et remontent avec ma petite activité potagère et la tenue de ce blog. Aussi ai je décidé de vous faire découvrir tout ce pan de notre culture. Après La Favorite et St James nous allons partir à la découverte de la rhumerie la plus confidentielle de la Martinique : la RHUMERIE TARTANE.


Il s'agit d'une très ancienne distillerie où fut installée la première machine à vapeur en 1880, et qui appartient à la famille Hardy depuis 1905. Tout au début la canne était broyée par un moulin à vent dont les ruines sont encore debout. Là était produit le rhum Hardy jusqu' en 1996.

Juste au dessus de la distillerie se dressent les restes de la tour du moulin à vent d'origine.  Avant la machine à vapeur, l'énergie était fournie par les bêtes, le vent, l'eau, la sueur et le sang des esclaves. Rappelons que l'esclavage qui a formaté notre culture, intimement lié à la colonisation du nouveau monde, et à l'histoire de la canne à sucre donc du rhum, n'a été définitivement aboli par la France qu' en 1848, malgré l'abolition proclamée le 4 février 1794 par la Convention nationale.
Dans cette tour la famille Hardy avait , il y a près de quatre-vingt ans installé un petit oratorio à la vierge Marie . Mais en 2007 un cyclone a  fait voler en éclat la statue de la vierge et les ex-votos. Depuis il est en attente d'une nouvelle statue pour sa rénovation.

Je me souviens d'avoir découvert ce rhum et la distillerie dans les années quatre vingt, lorsque je pris mes fonctions de directeur des services économiques au Centre hospitalier de Trinité, commune sur le territoire de laquelle est implantée  la dite distillerie, et plus précisément sur la presqu'ile de la Caravelle au lieu-dit Tartane. C'est une distillerie qui a les pieds dans l'eau, et est entourée de quelques hectares de cannes.
Je me souviens du "vieux père" Hardy, assis à l'entrée de la distillerie examinant au microscope le développement de ses levures dans la fermentation du vesou. Homme orchestre, à travers ses lunettes qui n'avaient pas été essuyées depuis longtemps, et du microscope qui avait beaucoup vécu,  il suivait  la transformation du jus de canne, le vesou, en vin alcoolisé, et moi du haut de mon irrévérencieuse jeunesse je me demandais s'il y voyait grand chose. Mais à l'époque je ne me souciais guère du rhum et ne m'imaginais pas qu'un jour je serais assez vieux pour parler du passé et du patrimoine qui disparait. Cette distillerie abandonnée en apparence, ne l'est pas tant qu'il y parait. La colonne à distiller, en cuivre, a été démontée et mise à l'abri des voleurs, et le site faisant l'objet d'un projet de mise en valeur touristique, elle sera remontée quand le projet aboutira.

Voici quelques images des lieux à l'abandon depuis 1996.


Les cuves où fermentait le vesou, c'est à dire le jus de canne.





A la vue de ces images de la machine à vapeur, la bête ne semble qu'endormie  et prête  à se réveiller.

Ce vieux moteur de camion ou de tracteur est couplé à un tour en bois qui entrainait une improbable courroie.



Le foyer ou brulait la bagasse pour chauffer la chaudière.

 La cheminée a été démolie pour éviter tout accident.
Ce squelette de tracteur, tel un mort-vivant, veille à l'entrée de la distillerie.


En effet la distillerie ne fume plus depuis 1996, la production confidentielle ne dégageait pas suffisamment de marge pour la modernisation et faire face aux contraintes de la modernité, comme le traitement des vinasses et des fonds de cuve. Tout cela auparavant était rejeté directement à la mer et causait une pollution insoutenable maintenant.

Aujourd'hui le peu de cannes de la plantation est broyé et distillé à la distillerie St James . Les soixante milles bouteilles produites sont vendues sur place. Dans une petite boutique attenante vous pouvez acheter du rhum Hardy, blanc, paille ou vieux. Si vous n'habitez pas la Martinique vous pouvez toujours passer une commande par courrier.

Les rhums Hardy, blanc, vieux et paille.

Ce rhum est  typé du fait du micro climat sec de la presqu'ile de la Caravelle. Certains ne jurent que par le rhum paille , personnellement ayant gouté au vieux qui titre à 42%,  je l'ai trouvé très doux, parfumé et fleuri, mais je ne vous en dirais pas plus car je ne suis ni oenologue ni gouteur professionnel. Je leur laisse leurs gloses parfois longues, éthérées et dithyrambiques,  où l'amateur moyen se perd, ou en sort complexé car il n'a pas repéré les quinze à vingt notes parfumées et gustatives décrites par ces experts, à chacun son rhumantisme!

1 commentaire:

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