dimanche 19 avril 2015

M. Salomon tresseur de feuilles de palmiers




Aujourd'hui,à la plage, j'ai rencontré M. Salomon. 
Assis à l'ombre d'un catalpa, il travaille les feuilles sèches des palmiers royaux et les jeunes feuilles vertes des cocotiers. Avec comme seuls outils une petite paire de ciseaux et un couteau de cuisine, cette matière première facile d'accès, devient entre ses mains des oiseaux, des poissons ou des paniers et même des chapeaux.

La première fois que je vis cet artisanat fut à Barbade où nous étions allés en vacances dans les années quatre-vingt.  M. Salomon a été initié à cette technique par un ami des iles anglophones, passionné il se perfectionne par la pratique en bon autodidacte. Il vit de son industrie en vendant sa production aux touristes sur les plages de sud entre Sainte Luce et Sainte Anne.

Je lui ai commandé un poisson et un oiseau, et compte tenu des autres ventes, j'ai pu estimer son gain du jour à une cinquantaine d'euros. Cette recette lui permet de vivre à la hauteur de ses besoins qui sont simples. Au cours de nos échanges, il m'indique qu'il était quelqu'un qui avait encore comme ligne de vie les valeurs traditionnelles et que   jeune il avait même coupé la canne. Il ne comprend pas cette jeunesse d'aujourd'hui qui n'a plus le sens de l'effort et de la dignité.
M. Salomon est un homme plus complexe qu'il ne laisse voir. Au détour de la conversation avec ma belle-soeur, en vacances, et dès qu'il a su qu'elle habitait Nancy, il lui dit que dans une vie antérieure il fut mécanicien à Vandeuvre dans la banlieue de Nancy. Nous ne saurons jamais quel fut son parcours de vie qui le mena des champs de cannes de Sainte Luce  sa commune natale, à un atelier de mécanique à Nancy et aujourd'hui tresseur de feuilles de palmiers sur la plage de la Pointe Marin.

 Vers quinze heures, il nettoya consciencieusement son emplacement de travail, rangea sa recette. Il avait gagné sa journée et il s'octroya une petite récompense, il sortit de son petit sac noir une petite bouteille de rhum blanc St Etienne et but à même le goulot une  unique gorgée.  
Cela était comme une ponctuation de sa journée, une respiration, un point d'orgue!



















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