mardi 16 avril 2013

Noix de cajou




Les quelques semis en place ont  bien poussé, et il est temps de les mettre en terre et de reprendre mes activités potagères. Sur la photo ci-dessous, j'ai des plants de gombo, d'aubergine blanche de Florence, de poivron d'Espagne, de piment fort antillais, de piment végétarien. Le céleri, l'oignon pays et le persil resteront en pot.

Gombo: encore en semis il commence à fleurir

Je complèterai mes plantations par des plants achetés en pépinière, notamment les tomates. Toutes les espèces exotiques essayées (green zébra, black of Tulla, noire de Crimée... ) ont été un échec total. Donc pour l'instant je me contenterai de la variété locale, acclimatée à notre climat tropical humide.
Afin de réaliser ces plantations je suis allé au centre de valorisation des déchets organiques acheter quelques sacs de compost, car mon sol terriblement argileux a besoin d'être fortement amendé.
Sur la route, en sortant du lotissement où j'habite, mon regard fut attiré par un fruit rouge qui brillait au soleil par dessus une clôture. Je reconnu aussitôt une pomme de cajou. Je décidai donc de sonner au portail de ce voisin afin de faire sa connaissance et lui parler de ses pommes de cajou.

noix de cajou

Ce dernier, M. Venceslas, se révéla être un homme charmant et très accueillant à qui je demandai l'autorisation de photographier cette découverte, ce qui l'enchanta et nous avons échangé sur nos activités en la matière.
L'arbre qui porte ces fruits s'appelle un anacardier, et il est devenu très rare en Martinique car personne ne le cultive. C'est lui qui produit la fameuse noix de cajou, qui grillée et salée accompagne souvent nos apéritifs.

noix de cajou
Fleurs d'anacardier
noix de cajou
Noix vertes
noix de cajou

En consultant la fiche de Wikipédia, dont je vous ai mis le lien, quelle ne fut ma surprise en voyant des photos sur la façon artisanale de faire griller les noix afin d'en extraire l'amande pour la déguster. Cela fit remonter des souvenirs d'enfance de plus de cinquante ans. Quel choc de voir qu'aujourd'hui, quelque part dans le monde ( en Inde?) des gens faisaient griller des noix, comme nous le faisions avec ma grand-mère quand nous passions nos vacances à St James, habitation sur les hauteurs de Saint-Pierre dont mon grand-père assurait la gestion pour des propriétaires lointains. Cette opération de grillade sur un foyer de charbon de bois et un morceau de grillage de poulailler en guise de gril, dégageait beaucoup de fumées et de flammes car les coques des noix sont chargées d'une huile inflammable. Une fois les noix grillées et refroidies, nous les cassions entre deux pierres, l'une servant d'enclume, l'autre de marteau . A l'issue de cette activité récréative nous avions les mains toutes noires et tachées, et le récurage dynamique des mains au savon de Marseille par notre grand-mère faisait partie du jeu: "ti manmaille vini ici-a! " nous claironnait-elle les sourcils froncés sur un ton qui ne laissait aucune discussion possible. A l'époque l'amour familial s'exprimait de façon plus rude qu'aujourd'hui.

 C'est un sentiment curieux que de découvrir que quelque chose que nous croyions unique et de personnel, sentiment certainement enfantin, est partagé par d'autres dans le monde.

Les noix n'étaient pas nos seules préoccupations, car avec la pomme qui est comestible nous faisions un jus sucré, qui avait un gout très particulier, avec un léger parfum d'eau de Cologne et qui était un peu astringeant. Du moins c'est le souvenir que j'en ai.

noix de cajou
Les oiseaux adorent les pommes sucrées

Quant on voit les photos on comprend mieux l'expression créole" mwen an tjouy kon an noi", littéralement :" je lui colle au cul comme une noix", autrement dit, je ne le lâche pas d'une semelle, je le harcèle...

Maintenant quand vous dégusterez des noix de cajou, vous penserez aux magnifiques pommes de cajou et à l'anacardier qui est un petit arbre décoratif même quand il ne porte pas de fruits.

Comme toujours je vous dis


 
 a an lot soley
 à un autre soleil


lundi 8 avril 2013

Manguiers en fleurs



Voila un mois que vous n'avez pas de mes nouvelles ! Pas de panique me revoilà !
J'ai des excuses pour cette absence, encore une panne d'ordinateur et la sécheresse qui a réduit à néant mes quelques plantations.
Mais le temps a changé, le ciel depuis une semaine est chargé de nuages et nous commençons à avoir de petits grains qui rafraîchissent l'atmosphère bien qu'ils soient encore insuffisants pour hydrater le sol dur et sec. Dans l'attente de cette fin de carême j'ai quelques semis en pleine croissance pour la reprise de mes activités potagères.

En attendant, je vais vous parler des manguiers qui sont tous en pleine floraison. Ils sont nombreux et les variétés sont aussi diverses qu'inconnues des nouvelles générations urbanisées: mangue julie, mangue divine, mangot vert, bassignac, mangot moussache, mangot coco bèf ( gros comme des couilles de boeufs), mangot tété( ils ont un petit téton près du pédoncule), mangue zéphirine qui a un fort goût de térébenthine, etc...

La plus connue et la plus cultivée est la mangue julie et certaines variétés sont en train de disparaître. Il me semble que le Parc Naturel Régional de la Martinique devrait mettre en place un conservatoire de toutes les variétés qu'il faudrait commencer par répertorier. Il contribuerait ainsi à la sauvegarde  de la biodiversité et au maintien d'une forme du patrimoine culturel de la Martinique.
En effet pour tous les martiniquais de ma génération ( à l'exception de quelques foyalais pur jus ), les manguiers faisaient partie intégrante de nos plaisirs et de nos jeux. Nous mangions beaucoup plus de fruits que les enfants d'aujourd'hui plus friands de snacks.
Je me rappelle des heures passées avec les camarades derrière l'église de Saint-Pierre où était plantée une allée de manguiers variés. Notre grand jeux était de lancer des pierres pour faire tomber les mangues les plus mûres, cela avec une grande inefficacité car pour une mure, nous en faisions tomber beaucoup de vertes. Cette inefficacité entrainait des disputes pour le partage du butin, et une fois les estomacs repus, avec les noyaux séchés nous fabriquions des yoyos qui faisaient un bruit de crécelle
en tournant.

Voici quelques images de ces arbres magnifiques.

Pied de" mangot vert" en pleine floraison. Il devient énorme en vieillissant .

Il a même des fruits précoces
Les "mangots verts" ne sont pas des fruits commodes à déguster en fruit à dessert, car murs ils sont très fibreux. Mais quand ils sont à peine à maturité  on en fait des salades pimentées que nous appelons des sousskaïs et ils entrent dans la confection du colombo dont je vous ai déjà entretenu.
Autrefois on les mangeait mûrs. Pour cela ils étaient cueillis verts, enveloppés dans du papier journal, rangés dans une caisse ou un grand panier en bambou. Après un temps de maturation d'environ une semaine ils devenaient tout jaunes, alors ont les meurtrissaient en les roulant entre les mains, avec les dents on y faisait un petit trou à la base et on pouvait en sucer tout le jus . Cette façon de faire murir les "mangots verts" s'appelait les mettre au LAMENTIN. Je ne sais d'où vient cette expression. J'espère qu'un créolophone expert pourra m'apporter la réponse.

Quelques photos de la reine des mangues, la Julie.

Ici aussi des fruits précoces









Personnellement je préfère les bassignacs qui sont de petits fruits ronds qui bien mûrs se tachent de points noirs et ont un arôme alcoolisé. J'ai un arbre dans mon jardin qui commence à peine à fleurir , dès qu'il portera je ne manquerai pas vous en faire des photos.



Sur ce je vous dis

 
 a an lot soley !
 à un autre soleil !