dimanche 27 décembre 2015

Bonne année 2016





Depuis septembre je n'ai rien publié. De fidèles lecteurs s'en sont inquiétés, aussi je ne pouvais laisser l'année se terminer sans vous souhaiter une bonne Année 2016.

L'année écoulée a été plutôt maussade et le blog ainsi que mon activité photographique en ont fait les frais.
Mais la fin d'année a été plus heureuse. Nous avons pu organiser notre traditionnel repas de Noel en famille, malgré quelques absents , quatre générations furent réunies de 97ans pour le plus âgé et un an pour la toute petite dernière de la famille.

Comme d'habitude le père Noel fut généreux à la grande joie des petits et des grands.

Aujourd'hui nous sommes allés à la plage en compagnie de notre petite dernière, car nous avons la chance de vivre sur une ile encore magnifique. Cela m'incita à faire quelques photos. Le temps était beau, les alizés soufflaient, les tamariniers étaient en fleurs et tout le monde semblait heureux . Les contraintes économiques envolées, l'effroi du terrorisme évanoui, la peur de l'avenir mise sous le tapis, quand à la COP 21.....

Bien sur tout cela remontera  une fois la trêve des fêtes passée. 
Pour mieux nourrir la réflexion sur tous ces sujets je vous recommande la lecture du dernier ouvrage de Yuval Noah HARARI " SAPIENS une brève histoire de l'humanité". Je l'ai lu quasiment d'une traite. C'est l'ouvrage le plus stimulant  de toutes mes dernières années de lecture. Ecrit dans une langue simple, il est brillant , provocateur et nous éclaire dans nos réflexions sur notre histoire et notre vie d'aujourd'hui dont nous ignorons les développements immédiats et encore plus l'avenir à long terme. 

Je souhaite que vous le découvriez ( si ce n'est déjà fait)  et vous présente mes meilleurs voeux pour 2016.

Je vous mets quelques photos de cette journée heureuse qui m'a incité à reprendre le cours de ce blog.

Clara découvre les fleurs de tamarinier



avec tout l'espoir que je mets dans ces voeux, je vous dis

a an lot soley !
a un autre soleil  !

jeudi 17 septembre 2015

Volkan Berhane Selassié


Aujourd'hui, je me trouvais du côté du parking silo et du marché de l'Asile à Fort de France. J'aime bien ces lieux de vie car il y a toujours quelque chose à voir, donc à photographier, et des personnes à rencontrer. Dans un de mes billets de PHOTO D'IL, je vous avais présenté le vendeur de cocos de ce marché.

Cette fois ci, j'ai découvert un vendeur de légumes qui innovait. Il était le seul à joindre à ses paquets d'oignons pays deux piments , un fort et un végétarien.


Des bouquets de persil et d'oignons pays bien alignés avec leur feuille de bois d'Inde et leurs deux piments.

A un autre stand je me suis arrêté pour acheter un lélé, mixeur à main qui sert à lier les soupes, à faire mousser les chocolats ou les punchs au lait chaud. Déambulant dans les allées du marché avec mon lélé en main, j'étais la vedette des plus anciennes marchandes qui me félicitaient de mon achat ou qui m'expliquaient comment faire bien mousser le punch au lait .
Des lélés de toutes dimensions, les plus petits pour les punchs, le moyens pour le calalou, les plus costauds pour les soupes épaisses comme la soupe zabitan.


Mais le plus intéressant fut ma rencontre avec Volkan Berhane Sélassié, en tête de file de la station de taxis . Ce vrai rasta est taxi-man et artiste-reggae dancehall comme il se définit lui même.
Je fus d'abord attiré par son véhicule dont les jantes sont décorées à l'effigie du Lion de Juda et aux couleurs vert, jaune et rouge du mouvement rasta. Ce lion figura sur le drapeau de l'Empire d'Ethiopie de 1897 à 1975.



 Pour commencer je lui ai demandé l'autorisation de photographier ses jantes et nous avons engagé la conversation. Cet échange tourna autour de la philosophie de vie des rastas, sur la tolérance, le respect des autres et de la nature et du message d'amour de Jésus. Après une longue discussion où nous avons confronté nos points de vue qui parfois divergeaient, nous nous sommes quittés en toute convivialité. Il m'assura qu'il était à ma disposition pour me faire mieux découvrir le but de la philosophie de vie rasta. Je n'y voyais aucune objection et je lui ai acheté son dernier CD.
Il me laissa sa carte qui indiquait qu'il était sur Youtube et Facebook, et de mon côté je lui ai laissé les coordonnées de mon blog.





Et comme toujours je vous dis

a an lot soley !
à un autre soleil !

dimanche 2 août 2015

Pomme cannelle



Voila deux mois que je n'ai rien publié, pris par d'autres préoccupations, et peut être en panne d'idées. Un passage éditorial à vide dont des proches m'ont déjà fait grief. J'en conclus qu' il ne faut jamais décevoir ses fans toujours en attente de nouveautés!

Pour reprendre le cours des choses, je vous présente aujourd'hui un petit arbre de mon jardin que vous ne connaissez pas encore, mon pied de pomme cannelle.
 Il a près d'une quinzaine d'années, et ne dépasse pas trois mètres de hauteur. Il ne nécessite aucun soin, supporte bien les périodes de sécheresse, et porte chaque année son lot de pommes cannelles. Comme d'habitude au lieu de vous faire de longues descriptions, voici quelques photos.




Avec le retour des pluies il a reverdi, il est en fleur et commence à porter.





Ses petites fleurs ne sont pas très colorées , ne payent pas de mine et n'ont aucun parfum..

 Les pommes cannelles, sont recouvertes de grosses écailles vertes, et peuvent atteindre la taille d'une orange moyenne.





Quand elles sont mures, les écailles  se couvrent de taches brunes, et les fruits deviennent mous.  Pour les déguster, ont enlève délicatement les écailles une à une, et elles laissent apparaître une pulpe crémeuse. En fait chaque écaille correspond à une sorte de gousse  qui contient une graine noire et luisante. La pulpe crémeuse est très sucrée et a un parfum que je ne saurais vous décrire, certains y reconnaissent une fragrance de cannelle, d'autres lui trouvent un léger gout d'eau de Cologne.

A ma connaissance en Martinique on n'en fait pas de jus, ni de confitures et encore moins de salades de fruits ou de dessert chaud comme des tartes. Ce n'est pas un dessert de banquet ou de cérémonie,  pas très distingué car il faut bien sur recracher les graines. Ce sont des fruits qu'on s'offre entre voisins et connaissances ou qu'on trouve parfois en petits lots sur les étals des marchés locaux ou sur le bord de la route.

Quand nous étions enfants nous en mangions au hasard de nos escapades (car c'est un fruit des grandes vacances ) et notre grand plaisir était de nous remplir la bouche et de cracher au plus loin possible les graines. Les pommes cannelles font partie des saveurs de notre univers enfantin, comme les tamarins. En plus des fruits que j'ai toujours trouvés délicieux, les feuilles de cannellier peuvent servir également à faire des infusions facilitant la digestion.  Sa forme a inspiré également les boulangers martiniquais qui ont créé une brioche ciselée rappelant le fruit.


Cette année il a hébergé une nymphe d'un gros papillon de nuit, le sphinx.

Et comme toujours je vous quitte en souhaitant vous retrouver au plus vite

a an lot soley !
à un autre soleil !


samedi 30 mai 2015

Rhum JM suite...



Dans mon billet du 29 septembre 2014, je vous avais dis que je retournerais à la distillerie JM à la prochaine récolte, car à cette époque elle ne fumait pas.
Voila c'est chose faite j'y suis retourné et elle fume.



 A ma grande surprise les choses avaient encore changé à JM. Au milieu de la toiture surgit maintenant une tour métallique d'une vingtaine de mètres. Cette tour comme un cocon abrite la nouvelle colonne à distiller. Il s'agit d'une colonne à distiller EXAL, toute en cuivre, et importée du Brésil. Ce type de colonne semble avoir la faveur des distillateurs car quasiment  la même est  installée à la distillerie du Simon. Celle  du Simon est mixte,  en acier inoxydable et cuivre.

La nouvelle colonne de quinze mètres de haut est encore exposée au soleil et à la pluie. Dès que la campagne sera terminée, la structure métallique sera habillée d'un bardage pour la protéger des intempéries.

L'ancienne colonne toujours en service.

Cette nouvelle colonne n'est pas le seul investissement nouveau, en effet six nouvelles cuves de fermentation ont été installées et sont en attente d'un toit.


Après avoir découvert ces nouvelles installations, je constate que les immenses pignons qui entrainent les moulins sont secs et poussiéreux. Devant mon interrogation,  Emanuel Bécheau le directeur du site, m'informe que la machine à vapeur n'est plus en service, et que les moulins sont entrainés par des moteurs électriques. 



En clair Emanuel Bécheau a plus que doublé ses capacités de production et fait un bond prodigieux de productivité.

En passant de la machine à vapeur au moteur électrique, il est passé d'une capacité de broyage de 5 à 12 tonnes de canne à l'heure. De plus pour démarrer le broyage le matin il suffit de tourner un bouton, pas besoin d'attendre que la chaudière soit en chauffe et que la vapeur soit à la bonne pression pour avoir le rendement escompté. La vapeur produite ne sert plus qu'à la distillation. 
Avec la nouvelle colonne, là aussi c'est un autre bond prodigieux. Alors que l'ancienne colonne tournait à cinq mille litres de rhum à l'heure, la nouvelle a une capacité de vingt-cinq mille litres à l'heure.

Tout ceci prouve qu'Emanuel Bécheau et ceux qui financent, sont  confiants dans l'avenir et croient au développement de la filière canne-rhum.

Pour conclure, je dois dire que depuis de très nombreuse années, j'ai le plus fréquemment pris mon punch avec du JM blanc à 50°, car par rapport aux autres que j'apprécie également, je trouve qu'il a un nez plus parfumé . La question que je me pose est de savoir si le rhum blanc issu de cette nouvelle colonne et qui sera commercialisé en 2016, bien qu'il n'y ait aucun doute sur son excellence, aura exactement le même profil que celui issu jusqu'alors à partir l'ancienne colonne. Il faudra pour la comparaison que je fasse appel à un quelqu'un de plus expérimenté que moi, car mon peu d'expérience d'amateur occasionnel ne me permettra peut-être pas de faire la différence.




De bonnes cannes sur de bonnes terres volcaniques  pour un rhum d'excellence.


a an lot soley !
à un autre soleil !

Le zamana de l'Habitation Céron, un autre arbre remarquable !


Aujourd'hui je vous emmène à l'Habitation Céron.
C'est une des plus anciennes exploitations sucrières de la Martinique, elle été créée en 1658. Mais on y cultiva également du cacao et du manioc. Elle est située tout au nord  de l'ile sur la côte Caraïbe, tout au bout de la départementale qui traverse la commune du Prêcheur. Là on arrive à l'anse Céron et sa plage de sable noir. L'habitation se trouve en retrait de cette plage et au milieu y coule une petite rivière qui dévale des flancs de la Montagne Pelée.

L'actuel propriétaire a transformé le lieu en un site touristique comprenant un parc , les ruines de la sucrerie en cours de réhabilitation, et un restaurant où on sert une nourriture créole traditionnelle.

Le plus important est le remarquable zamana de deux cents cinquante ans qui est le coeur du parc.

Vue générale sur les ruines de la sucrerie qui, en attente de travaux de réhabilitation et de sécurisation, est fermée au public. Au second plan la maison des propriétaires.



Après être passé devant les ruines de la sucrerie, on prend le sentier qui fait le tour du parc, et on tombe aussitôt sur le zamana. Cet arbre fut introduit dans la colonie par les planteurs de cacao. En effet c'est un arbre qui se développe assez rapidement et forme une immense ombrelle. Cette ombrelle protège les cacaoyers, qui sont de petits arbres, des ardeurs du soleil, mais lorsqu'il pleut le feuilles du zamana se referment et laissent passer la pluie et les cacaoyers en profitent, aussi a-t-il été nommé également "arbre à pluie". 
 Celui du Céron âgé de deux cents cinquante ans, couvre une superficie évaluée à cinq mille mètres carrés et n'abrite plus de cacaoyers depuis bien longtemps. Il a été classé arbre remarquable par l'Office national des forêts( ONF).
Il a survécu à tous les cyclones et à l'éruption de la Montagne Pelée en 1902, un vrai rescapé.


Ces photos ont été prises au plus fort de la période sèche qui a été très dure cette année, aussi il n'est pas très feuillu, mais dès le retour des pluies à la fin mai son feuillage s'épaissira rapidement. 

Dans le parc il n'est pas seul et a des congénères un peu plus jeunes.


 Mais les zamanas ne sont pas les seuls arbres remarquables du site. Il y en a bien d'autres comme cet énorme fromager dont le tronc est recouvert de lianes et plantes grimpantes.


Fort de cette diversité, les propriétaires attendent de l'ONF que tout le parc soit classé en jardin remarquable.
L'eau est très présente également, car elle était indispensable à la vie de l'habitation et son activité sucrière.

Une prise très en amont de la rivière amenait l'eau  grâce à un canal en maçonnerie, pour les usages domestiques et industriels; ce type d'ouvrage est commun à bien des sites d'exploitation  de l'ancienne colonie.
Après avoir déjeuné sur place, et s'être promené  dans le parc en famille, on peut se rafraichir en se trempant les pieds dans la rivière qui n'est pas polluée par l'agriculture ou l'habitat humain. Les jeunes enfants plus hardis s'y baignent. 




Je vous souhaite de découvrir les lieux et son arbre remarquable et vous dis

a an lot soley !
a un autre soleil !

mardi 12 mai 2015

Rhum Neisson suite...


 

Pour faire du bon rhum, il faut de bonnes cannes, plantées sur une bonne terre.
 Ces deux éléments se retrouvent dans les arômes primaires du rhum que les professionnels savent reconnaître.
A ces deux facteurs, Grégory Vernant porte une attention toute particulière. Les terres du plateau Godinot sont un terroir volcanique aux pieds de la Pelée. Cette terre noire, légère, fertile représente 50% des surfaces cultivées les autres 50% sont au Carbet et constitue le domaine la Thieubert. Sur ce plateau est plantée notamment une variété appréciée par Neisson, la canne bleue.

La belle terre volcanique
Les plantations sont refaites en moyenne tous les six ans. J'ai eu la chance de visiter les lieux alors que des parcelles étaient en cours de replantation.
Les cannes servant à la replantation sont récoltées à la main, et ensuite débitées en tronçons de trente à quarante centimètres mis en terre dans des sillons préparés à l'avance. Ces tronçons vont germer et donner des cannes qui feront l'objet de récoltes annuelles durant six à sept ans. 
Parcelle du plateau Godinot dont la canne est réservée au bouturage des nouvelles plantations.
En arrière plan la Montagne pelée.
Canne coupée en attente d'être ramassée.

Les coupeurs de canne viennent de l'ile voisine, Sainte Lucie. Ils sont six à faire la saison chez Neisson. 

Quand la canne est coupée à la main, des éleveurs viennent récupérer les tiges vertes comme fourrage pour leur bétail.

Pour obtenir de bons rendements à l'hectare et des cannes bien sucrées, sont mises en oeuvre des techniques modernes de plantation notamment la fertirrigation. C'est une technique agricole consistant à appliquer des éléments fertilisants (engrais) solubles par l'intermédiaire d'un système d'irrigation. Cette technique est rendue possible par le système de goutte à goutte enterré.

Sur cette image , au premier plan on distingue un tuyau enterré qui servira au goutte à goutte pour la fertirrigation


Pour plus d'efficacité, Grégory Vernant opère de nombreuses analyses de sol qui sont des aides à la fertilisation de la culture. Ces analyses régulières permettent de suivre l'évolution de la fertilité de chaque parcelle et de réajuster les correcteurs de sol et la fertilisation minérale et organique selon les besoins de la canne.
 En bref ces analyses combinées avec des ajouts d'engrais calibrés permettent d'établir un plan de fertilisation optimal en valorisant au mieux les ressources du sol et aboutissent à une agriculture raisonnée ( pas de gaspillage d'eau, ni d'excès d'engrais). Ces cannes ainsi cultivées vont signer les arômes primaires du rhum Neisson.
A partir de ces cannes, le jus exprimé sera mis en fermentation pour être distillé. Cette fermentation selon les professionnels  de la chimie et de la biologie alcoolique, donnera les arômes secondaires du rhum que là aussi les professionnels de la dégustation sauront détecter.

 Sur cet aspect Neisson est à la pointe afin d'imprimer encore sa signature aromatique. Grâce à un laboratoire de Bordeaux, les levures originaires du terroir ont été prélevées. Sur la dizaine de souches retenues, deux ont été sélectionnées. Elles servent à ensemencer les cuves de fermentation qui  durera jusqu'à 96 heures. Ces levures donnent une mousse fine qui colle aux parois des cuves. Grégory Vernant m'a montré cette mousse avec fierté, car signe de l'obtention d'un vin répondant aux critères qu'il s'est fixés.

Les autres arômes du rhum , les tertiaires et les quaternaires, sont donnés par les colonnes à distiller et le vieillissement en fûts de chêne. Dans mon billet sur le Simon je vous ai montré comment chaque colonne à distiller donnait un rhum différent, et dans mon billet sur HSE, comment le rhum vieux pouvait être typé par les pratiques de  vieillissement mises en oeuvre par les maîtres de chaix .

Ici à la Thieubert, j'ai découvert en la personne de Grégory Vernant un expert qui ne cesse avec exigence de mettre au point les meilleurs process à tous les stades qui mènent de la canne au rhum, tout en gardant la ligne aromatique des ZEPOL KARE et dans le respect scrupuleux des contraintes règlementaires de l'AOC.

Le résultat final

Je vous quitte en vous disant:

a an lot soley !
à un autre soleil !

mardi 5 mai 2015

Le fromager de Saint -Pierre



Le fromager dont je vous parle aujourd'hui est un arbre remarquable perché sur les hauteurs de Saint-Pierre. Il domine la ville et la baie.
 C'est un kapokier, arbre originaire de l'Asie du Sud-est, devenu endémique à la Martinique. 

Cet arbre immense fait partie de mon paysage depuis ma prime enfance à Saint-Pierre, il doit être plus que centenaire.
Si je vous présente cet arbre, c'est qu'il a pour nous Pierrotains une histoire mythique, révélant nos croyances les plus sourdes.
 En effet la légende locale raconte qu'un trésor serait enfoui au pied de cet arbre: une jarre en terre cuite remplie de pièces d'or. Celui qui l'aurait enterré, aurait passé un pacte avec le diable, et pour le retrouver il faudrait sacrifier à ce dernier un enfant. D'ailleurs une vieille chanson du répertoire traditionnel du carnaval, se fait l'écho de ces pactes diaboliques " Diab' la ka mandé an ti manmaïe ......"  ainsi que bien d'autres titres anciens.

C'est une de ces histoires qui ont hanté mon enfance. Nous les tenions des adultes et nous les reprenions et les amplifions dans nos discussions enfantines. Nous nous faisions peur avec ces choses que nous n'avions jamais vues, mais qui pour nous devaient relever du réel.
Nous nous repaissions de diables et de diablesses, de sorts jetés, de sorciers et de quimboiseurs. C'est à qui raconterait l' histoire de cet homme engagé avec le diable, ce qui lui permettait de se défaire de sa peau et de se transformer à minuit en cheval à trois pattes, jamais vu, mais qu'on entendait galoper dans la nuit. Tout cela nourrissait notre imaginaire . Cet aspect de notre culture est tenace, et il ne s'expose pas au plein jour.

De nombreux martiniquais, monsieur et madame tout le monde, des élites culturelles, politiques, sportives, quand ils sont en confiance, et qu'on les pousse dans  leurs retranchements, avouent y croire et avouent même avoir eu recours à des "séanciers" (des bons sorciers) pour se désenvouter et se libérer d'un sort jeté, ou se protéger d'avance.
Quand craque le vernis de l'éducation, quand s'ouvre la cage rationnelle de notre esprit éduqué, cultivé, les peurs enfantines peuvent remonter chez certains.

Nos petits enfants, urbanisés, "réseautés", facebookés, informatisés, mondialisés, sont ils sensibles encore à cet imaginaire? 


En cette période de l'année, il n'a pas de feuilles et il est couvert de kapok, qui sont des graines entourées de fins filaments formant de gros flocons duveteux s'envolant à la moindre brise. Une fois qu'il aura reverdi, il n'en sera que plus majestueux.


Les flocons au sol forment un tapis léger,  d'aspect laineux


Encore aujourd'hui, et malgré la rambarde, il semble pouvoir s'animer et saisir le passant dans ses bras puissants..

Le tronc déformé et boursouflé par  les blessures du climat et les outrages des années.

Autrefois la vue vers la Montagne Pelée était vierge de tout habitat. L'isolement du lieu  contribuait à sa magie et au sentiment de crainte qu'il nous inspirait à la tombée de la nuit.   


Dernière vue sur la baie.

J'espère avoir suscité votre intérêt et vous dis

a an lot soley !
à un autre soleil !