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jeudi 24 juillet 2014
Vive les vacances
Les activités liées aux vacances, n'ont pas inspiré Persil et Oignons-pays. Mais je ne vous laisse pas tomber pour autant.
Pour vous occuper je vous propose un document de l'INA. Il s'agit d'un film muet de 1936 sur la canne et le rhum en Martinique. En plus de son caractère historique, il constitue également un document sociologique sur la société coloniale de l'époque. Je vous laisse en apprécier le contenu.
http://www.ina.fr/video/VDD10045518
Bonne lecture et
a an lot soley !
à un autre soleil!
vendredi 16 mai 2014
La Rhumerie G. HARDY
Du temps de mon enfance, tout bon travailleur agricole ne dédaignait pas un bon coup de rhum pour se réconforter après une dure journée de travail. Ma grand mère à l'occasion en servait à ceux qui venaient lui donner un coup de main au jardin , ou pour tuer le cochon pour noël. Elle servait une bonne rasade de rhum sec sans sucre et sans citron dans une timbale en aluminium. La timbale était vidée d'un coup, et son contenu gardé en bouche pendant qu'elle remplissait à nouveau la timbale d'eau fraiche. Une fois la rasade bue d'une traite, l'eau servait à éteindre le feu du gosier causé par le brusque apport d'une grande quantité d'alcool. Un tel coup de rhum équivalait à trois ou quatre punchs d'aujourd'hui. Je ne vous recommande pas d'essayer.
Si je vous parle de récolte de canne, de rhum et de distillerie c'est que ces souvenirs sont intimement liés à l'activité agricole et remontent avec ma petite activité potagère et la tenue de ce blog. Aussi ai je décidé de vous faire découvrir tout ce pan de notre culture. Après La Favorite et St James nous allons partir à la découverte de la rhumerie la plus confidentielle de la Martinique : la RHUMERIE TARTANE.
Il s'agit d'une très ancienne distillerie où fut installée la première machine à vapeur en 1880, et qui appartient à la famille Hardy depuis 1905. Tout au début la canne était broyée par un moulin à vent dont les ruines sont encore debout. Là était produit le rhum Hardy jusqu' en 1996.
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Juste au dessus de la distillerie se dressent les restes de la tour du moulin à vent d'origine. Avant la machine à vapeur, l'énergie était fournie par les bêtes, le vent, l'eau, la sueur et le sang des esclaves. Rappelons que l'esclavage qui a formaté notre culture, intimement lié à la colonisation du nouveau monde, et à l'histoire de la canne à sucre donc du rhum, n'a été définitivement aboli par la France qu' en 1848, malgré l'abolition proclamée le 4 février 1794 par la Convention nationale.
Dans cette tour la famille Hardy avait , il y a près de quatre-vingt ans installé un petit oratorio à la vierge Marie . Mais en 2007 un cyclone a fait voler en éclat la statue de la vierge et les ex-votos. Depuis il est en attente d'une nouvelle statue pour sa rénovation.
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Je me souviens d'avoir découvert ce rhum et la distillerie dans les années quatre vingt, lorsque je pris mes fonctions de directeur des services économiques au Centre hospitalier de Trinité, commune sur le territoire de laquelle est implantée la dite distillerie, et plus précisément sur la presqu'ile de la Caravelle au lieu-dit Tartane. C'est une distillerie qui a les pieds dans l'eau, et est entourée de quelques hectares de cannes.
Je me souviens du "vieux père" Hardy, assis à l'entrée de la distillerie examinant au microscope le développement de ses levures dans la fermentation du vesou. Homme orchestre, à travers ses lunettes qui n'avaient pas été essuyées depuis longtemps, et du microscope qui avait beaucoup vécu, il suivait la transformation du jus de canne, le vesou, en vin alcoolisé, et moi du haut de mon irrévérencieuse jeunesse je me demandais s'il y voyait grand chose. Mais à l'époque je ne me souciais guère du rhum et ne m'imaginais pas qu'un jour je serais assez vieux pour parler du passé et du patrimoine qui disparait. Cette distillerie abandonnée en apparence, ne l'est pas tant qu'il y parait. La colonne à distiller, en cuivre, a été démontée et mise à l'abri des voleurs, et le site faisant l'objet d'un projet de mise en valeur touristique, elle sera remontée quand le projet aboutira.
Voici quelques images des lieux à l'abandon depuis 1996.
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Les cuves où fermentait le vesou, c'est à dire le jus de canne. |
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A la vue de ces images de la machine à vapeur, la bête ne semble qu'endormie et prête à se réveiller. |
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Ce vieux moteur de camion ou de tracteur est couplé à un tour en bois qui entrainait une improbable courroie. |
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Le foyer ou brulait la bagasse pour chauffer la chaudière. |
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La cheminée a été démolie pour éviter tout accident. |
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Ce squelette de tracteur, tel un mort-vivant, veille à l'entrée de la distillerie. |
En effet la distillerie ne fume plus depuis 1996, la production confidentielle ne dégageait pas suffisamment de marge pour la modernisation et faire face aux contraintes de la modernité, comme le traitement des vinasses et des fonds de cuve. Tout cela auparavant était rejeté directement à la mer et causait une pollution insoutenable maintenant.
Aujourd'hui le peu de cannes de la plantation est broyé et distillé à la distillerie St James . Les soixante milles bouteilles produites sont vendues sur place. Dans une petite boutique attenante vous pouvez acheter du rhum Hardy, blanc, paille ou vieux. Si vous n'habitez pas la Martinique vous pouvez toujours passer une commande par courrier.
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Les rhums Hardy, blanc, vieux et paille. |
Ce rhum est typé du fait du micro climat sec de la presqu'ile de la Caravelle. Certains ne jurent que par le rhum paille , personnellement ayant gouté au vieux qui titre à 42%, je l'ai trouvé très doux, parfumé et fleuri, mais je ne vous en dirais pas plus car je ne suis ni oenologue ni gouteur professionnel. Je leur laisse leurs gloses parfois longues, éthérées et dithyrambiques, où l'amateur moyen se perd, ou en sort complexé car il n'a pas repéré les quinze à vingt notes parfumées et gustatives décrites par ces experts, à chacun son rhumantisme!
jeudi 17 avril 2014
Saint James
Décidément cette année, le carême est très sec. Le préfet a même pris un arrêté invitant la population à prendre des mesures de restriction dans la consommation de l'eau, les réserves commençant à diminuer. Il est également interdit jusqu'au mois de juin de remplir les piscines, laver les voitures , d'arroser les pelouses. Vous comprendrez que les activités potagères sans eau sont vouées à l'échec, seules sont entretenues mes éternelles plantes aromatiques en pot. Pour compenser je vous ai parlé de la canne à sucre et du rhum, et en attendant des jours plus humides je continue sur ma lancée. Cette sécheresse ne profite qu'à la canne qui est alors très riche en sucre, une aubaine pour tous ceux qui la transforment en sucre de bouche et en alcool.
Donc dans mon billet du 4 avril je vous avais présenté une des plus petites distilleries de la Martinique. Aujourd'hui je vous parlerai de la plus importante qui aura produit environ quatre millions de litres de rhum à la fin de la récolte de la canne. Pour cela je vous invite à une visite des lieux, la distillerie des rhums Saint James.
A travers la visite de La Favorite ( le 4 avril), vous avez pu voir en photos les différentes étapes de la production du rhum . Pour vous faire une idée plus précise du process qui va de la coupe de la canne à la production du rhum vieux, il y a un très bon petit didactitiel sur le site des rhums Neisson.
Je ne vous ferai pas non plus un historique des rhums Saint James. Pour cela il vous suffira d'aller sur leur site.
L'intérêt de cette visite est que nous avons là un vrai musée du rhum. Dans les jardins sont présentés comme autant d'oeuvres d'art les anciennes presses, chaudières ou machines à vapeur.
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Une machine à vapeur. |
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Une presse |
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Une chaudière du 19ième siècle |
Alors qu'aujourd'hui, la canne fraichement coupée est transportée par camions ou tracteurs, autrefois sur les grandes exploitations elle était transportée par un petit réseau de voies ferrées. Ici les wagonnets de canne étaient tractés par une locomotive à vapeur Corpet-Louvet de 1925.
Mais le plus intéressant est l'impressionnante collection de machines à distiller, alambics et colonnes à distiller .
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Premiers alambics |
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Colonne à distiller. |
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Alambic qui a distillé le "Coeur de chauffe" ci-dessous. Aujourd'hui arrivé à bout de souffle, il a sa place au musée. |
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Alambic mobile. |
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Alambic charentais. |
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Colonne à distiller. |
Et le rhum me direz vous, nous y arrivons.
Non nous ne sommes pas à la prison d'Alcatraz ou dans un western mais dans le coeur de Saint James protégé par des moyens électroniques les plus sophistiqués. Ici est gardé un vrai trésor, les millésimes les plus anciens et les plus prestigieux de 1885 à 1976. Vous avez bien lu 1885 !
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Une bouteille de 1976 derrière sa vitre de protection. |
Après cette visite vous pourrez gouter et acheter du rhum blanc, vieux, très vieux ou hors d'âge, pour cela vous serez pris en charge par un personnel aimable, compétent, à votre écoute qui saura vous guider en fonction de vos goûts.
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Ce jour là il y avait nombre de touristes. |
Tous les rhums de Martinique tutoient l'excellence, mais chaque producteur a ses spécificités et les produits finaux nous offrent une gamme étendue de saveurs et de parfums. Dans mon prochain billet je vous entretiendrai des spécificités des rhums Saint James après avoir rencontré Marc Sassier l'oenologue responsable de leur production et élevage .
vendredi 4 avril 2014
La campagne 2014 à La FAVORITE
Je vous ai déjà entretenu de la récolte de la canne à sucre, et des derniers coupeurs de canne. Aussi aujourd'hui je vous parlerai de la transformation de la canne et de son jus en rhum grâce à un reportage sur l'une des dernières distilleries familiales de la Martinique.
Toutes les distilleries et marques de rhum appartiennent à ce jour à de grands groupes à l'exception de deux irréductibles, NEISSON et La FAVORITE.
Le rhum La Favorite est produit dans une petite unité à deux pas de Fort de France. Il faut la chercher pour la trouver au fond d'une coulée verdoyante au pied du centre hospitalier universitaire de la Martinique. Le premier contact se fait par un grand hangar couvert de tôles où sont logés les services administratif, commerciaux et la boutique qui mériterait d'être mieux mise en valeur. Là aussi se fait la finition des bouteilles emblématiques de la marque et qui font sa renommée, les cuvées La Flibuste et Privilège, deux nectars ronds, soyeux, aux notes d'épices, de cannelle et de pruneaux.
La première personne que j'ai rencontrée collait tranquillement, à la main une à une les étiquettes de ces rhums merveilleux que j'ai découverts bien tardivement, mais peut-être faut-il être prêt pour apprécier les très vieux rhums de la Martinique. Cette personne a aussi pour tâche de cacheter à la cire noire les précieux flacons. Cette pratique artisanale me parait tout à fait en harmonie avec la très longue maturation de ces très vieux rhums qui peuvent rester en vieillissement trente cinq ans.
Après ce premier contact, je me suis rendu à la distillerie, à l'usine comme on a l'habitude de le dire couramment ici.
Cette petite unité produit chaque année environ 600 000 litres. Pour cela elle broie la canne des 60 ha de La Favorite, ce qui représente 60% de leurs besoins, le reste étant fourni par de petits planteurs. Durant la campagne, les effectifs, coupeurs de canne compris, ne dépassent pas les trente six personnes. Comme le dit lui même Paul Dormoy , le maître des lieux, ils ne seront jamais Bacardi. Son objectif est de produire le meilleur rhum, et de le faire vieillir avec le plus grand soin. Cet objectif de qualité porte ses fruits, car à l'instar des rhums de Martinique les résultats à l'export sont bien présents, et les ventes en Europe , en Amérique du Nord et au Japon progressent.
Voici quelques images d'un lieu qui fit remonter des souvenirs d'enfance quand à la fin des années cinquante et début soixante, l'usine St James, située sur les hauteurs de St Pierre, que dirigeait mon grand-père, était souvent un terrain de jeu lorsque je n'étais pas à l'école. A l'époque, la sécurité et la peur du risque n'obnubilaient pas les adultes et j'avais le sentiment de jouir d'une grande liberté.
Si ce billet vous a intéressé je vous recommande vivement la visite des lieux qui est gratuite, vous rappelant que la campagne dure jusqu'au cinq juillet.
Et bien sur je vous dis
a an lot soley !
à un autre soleil !
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Une à une les bouteilles sont méticuleusement étiquetées. |
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Avant de tremper le goulot de la bouteille dans la cire, celle ci est chauffée sur un camping gaz. |
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A cette occasion j'ai découvert que cette année, le millésime de la cuvée La Flibuste passait de 1983 à 1984. |
Cette petite unité produit chaque année environ 600 000 litres. Pour cela elle broie la canne des 60 ha de La Favorite, ce qui représente 60% de leurs besoins, le reste étant fourni par de petits planteurs. Durant la campagne, les effectifs, coupeurs de canne compris, ne dépassent pas les trente six personnes. Comme le dit lui même Paul Dormoy , le maître des lieux, ils ne seront jamais Bacardi. Son objectif est de produire le meilleur rhum, et de le faire vieillir avec le plus grand soin. Cet objectif de qualité porte ses fruits, car à l'instar des rhums de Martinique les résultats à l'export sont bien présents, et les ventes en Europe , en Amérique du Nord et au Japon progressent.
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Un autre produit d'excellence |
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Les broyeurs |
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Une des deux colonnes à distiller. |
Si ce billet vous a intéressé je vous recommande vivement la visite des lieux qui est gratuite, vous rappelant que la campagne dure jusqu'au cinq juillet.
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Les champs de canne de La Favorite, pressés par l'urbanisation galoppante. |
Et bien sur je vous dis
a an lot soley !
à un autre soleil !
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